DANS LA ROUE D’ÉLISE CHABBEY
Elise Chabbey, 32 ans, est la cycliste suisse qui allie puissance, intelligence de course et personnalité. Ancienne kayakiste olympique et médecin, elle s’est tournée vers le cyclisme professionnel assez tard, mais a rapidement confirmé son talent. En 2025, elle décroche le maillot à pois du Tour de France Femmes et s’impose sur le Tour de Romandie Féminin, chez elle en Suisse. Derrière ses victoires se cache une athlète réfléchie, capable de gérer la pression tout en restant accessible. Bienvenue dans les coulisses d’Elise Chabbey.
Q : Elise, ton parcours est unique : ancienne kayakiste, médecin, arrivée dans le cyclisme un peu plus tard que la plupart de tes coéquipières. Est-ce que cette trajectoire te donne une vision différente du sport ? Un avantage, ou parfois un défi ?
Oui je pense que c’est un avantage d’être arrivée tard dans le cyclisme. C’est un sport tellement difficile mentalement et physiquement et tellement exigeant pour être au meilleur niveau pendant de longues années. Je pense que d’avoir fait des études et d’avoir un papier sous la main m’enlève beaucoup de pression. Au final, pour moi le vélo doit rester du plaisir et de la passion et le jour où je ressens que c’est un travail, je sais que je peux m’arrêter et trouver autre chose rapidement.
Dans un peloton, il y a le bruit, la vitesse, la tension… Comment gères-tu cela ?
Ce n’est jamais quelque chose qui m’a trop pesé. Quand je suis en course, je suis concentrée sur moi-même, mes sensations et mes coéquipières et j’oublie le reste.
Sur le vélo, il y a des jours où tout semble fluide et d’autres où tout coince. Comment tu reconnais, toi, le moment où la tête doit prendre le relais sur
les jambes ?
Les courses sont de plus en plus dures et le niveau est de plus en plus haut donc ça se joue aux petits détails et notamment le mental qui devient de plus en plus important. Il faut savoir souffrir et accepter la souffrance le plus longtemps possible.
Peux-tu partager un fait de course que peu de gens connaissent ? Une anecdote surprenante ou un moment inattendu sur le vélo ?
Lors du Tour de France, le maillot à pois n’était vraiment pas un objectif de l’équipe (FDJ-SUEZ). Au contraire, pendant les 3-4 premières étapes mon manager voulait que je le perde. Mais les faits de courses ont fait que j’étais en échappée et j’ai pu marquer des points. Il a ensuite changé d’avis et était d’accord que je le conserve sur les dernières étapes.
Dans un sport aussi exigeant, on a tous des figures qui nous tirent vers le haut. Qui sont celles (ou ceux) qui t’inspirent vraiment, et en quoi leur parcours te parle ?
Je crois que les personnes qui m’inspirent le plus sont ma famille, mon copain, ma sœur. Des personnes qui me ramènent à la réalité quand parfois on est pris dans l’engrenage du sport de haut niveau et qu’on ne voit plus que ça alors qu’il y a toute une vie autour.
Après cette saison très riche (changement d’équipe, vainqueure du maillot à pois du Tour de France + victoire au Tour de Romandie + mondiaux au Rwanda), est-ce que 2026 sera aussi dense, voire plus ? As-tu déjà un objectif inédit dans un coin de ta tête pour 2026 dont tu pourrais nous parler ?
C’est sûr que c’est la plus belle saison de ma carrière. J’ai pris confiance et j’espère pouvoir être parmi les meilleures à nouveau en 2026, en particulier lors des classiques belges de printemps qui sont des courses qui me conviennent particulièrement bien. Et aussi bien sur le Tour de France qui passera par Genève et je l’espère sera une grande fête.
