Interview de Silvan Dillier

Dans la roue de Silvan Dillier : immersion dans les coulisses d’un coureur professionnel en tous points.

Q : Parmi toutes tes courses, laquelle t’a le plus marqué émotionnellement, et pourquoi ?

Ma deuxième place à Paris–Roubaix 2018. J’étais à deux doigts d’un énorme succès – et pourtant, j’étais soulagé que la souffrance soit enfin derrière. C’était sans doute l’effort le plus intense de toute ma carrière, et j’en étais incroyablement fier.
Seulement cinq semaines avant, je me suis cassé le doigt durant les Strade Bianche. Jamais je n’aurais imaginé pouvoir prendre le départ de Paris–Roubaix, encore moins de finir sur le podium.

Et puis, me retrouver face à Peter Sagan dans le final, c’était à la fois une bénédiction et une malédiction. Sans lui, on n’aurait sans doute jamais tenu tête aux autres favoris. Mais le battre au sprint, à cette époque, relevait de l’impossible. Tout cela réuni a fait de cette journée un moment inoubliable, un vrai tournant dans ma carrière.

As-tu un rituel ou une routine particulière pour gérer la pression avant une grande classique ?

Souvent, on pense trop à tout ce qu’on a (ou pas) bien fait durant la préparation, ou si on aura assez d’énergie pour suivre les meilleurs. L’esprit s’éparpille dans tous les sens.
Dans ces moments-là, ce qui compte, c’est l’instant présent. Le plus simple est de se concentrer sur son corps : sur quoi je suis assis, comment je respire, ce que mes bras touchent, etc.

Quelle est l’anecdote la plus surprenante vécue en course — mais que les téléspectateurs n’ont jamais vue à la télévision ?

Après avoir mené la course pendant près de 220 km à Milan–Sanremo cette année avant d’être repris, plusieurs coureurs du peloton sont venus me féliciter, dont Tadej Pogačar. Ça m’a profondément touché. Même en reculant dans le peloton, j’ai senti le respect du milieu : depuis leurs voitures, plusieurs directeurs sportifs m’ont adressé des félicitations. Ce genre de geste, ça marque.

Avec qui partages-tu les meilleurs fous rires dans le bus ?

En général, on discute ou on plaisante tous ensemble dans le bus ou à table. Mais Mathieu van der Poel et Gianni Vermeersch sont particulièrement drôles — ils se taquinent souvent entre eux, et ça fait toujours rire toute l’équipe.

Y a-t-il des coureurs ou d’autres athlètes qui t’inspirent particulièrement ?

J’admire la façon dont Mathieu van der Poel court. J’aime aussi la manière dont il reste toujours détendu avant les grandes courses et calme durant la compétition. C’est pareil pour Tadej Pogačar : il garde toujours son sang-froid, et je pense que c’est un énorme atout par rapport à beaucoup de ses adversaires.

Tour de France 2025 – Silvan au Col de la Loze, Courchevel, étape 18

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